La publication de l'Emile, en 1762, restitue au problème de l'éducation sa place centrale en philosophie.
De ses premiers mois jusqu'à la rencontre amoureuse, Emile est suivi dans chaque étape, à travers des expériences qui attestent d'abord le souci de considérer « l'enfant dans l'enfant », au lieu de le sortir de son âge. Rousseau montre qu'il est possible d'éduquer un homme selon la nature et de quelle façon les vices et l'inégalité caractérisent désormais la condition humaine : double enjeu qui constitue sa « théorie de l'homme ».
La richesse incomparable de ce maître-livre tient aussi aux tensions qui le parcourent. Rousseau refuse le péché originel mais il doit rendre raison du mal et de la souffrance que ce dogme interdisait d'ignorer; il critique les philosophes de son temps mais il pousse à ses limites leur méthode empiriste; il proclame: «je hais les livres», mais il fournit le panorama le plus juste et le plus instruit de la culture du XVIIIe siècle, en face de l'Encyclopédie et, pour partie, contre elle.
Parus ensemble, Emile et le Contrat social furent condamnés à Paris puis à Genève: la force du traité d'éducation n'échappa pas aux censeurs, même si Rousseau prétendait ne livrer que « les rêveries d'un visionnaire ». Car la forme même de la fiction arrache l'ouvrage aux circonstances : pas plus que ses lecteurs des Lumières, nous ne sommes à l'abri de ses leçons.
Roman épistolaire parut en 1761 qui révèle la place faite à la sensibilité au temps des Lumières. Saint-Preux, jeune plébéien, et son élève Julie, fille du baron d'Étanges, éprouvent une passion violente .Devenue la maîtresse de Saint-Preux, Julie doit pourtant obéir à son père et épouser M. de Wolmar. Saint Preux s'éloigne et revient...Julie alors épouse et mère, avoue sa passion pour ST Preux à son mari. Elle meurt cependant après avoir sauté dans le lac pour sauver son enfant, et écrit à St Preux au tout dernier moment qu'elle l'a toujours aimé.
Sans cesse à magnifier et honorer la raison), autant qu'un lieu imaginaire, une utopie servant à mettre en scène ses idées philosophiques. best-seller de l'époque, où les libraires étaient contraints de louer l'ouvrage à l'heure pour satisfaire la demande.
Ce succès inattendu, inspirera à Laclos, quelque peu jaloux, ses " Liaisons dangereuses ".
Rousseau s'interroge dans cet essai moins sur l'origine des langues à proprement parler que sur le fondement de la parole entendu comme cause historique et sociale du surgissement des langues. Là où beaucoup, à l'époque, imagine dans la naissance du langage la réponse rationnelle à un besoin de communication pratique entre les hommes, Rousseau lui, y voit la pleine expression sociale du caractère sensible de l'être humain soumis aux passions. Sans nul doute cette oeuvre posthume laissée inachevée par l'auteur, trouve toute sa place aux côtés de son discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.
En 1749, l'Académie de Dijon met au concours la question suivante : Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les moeurs. Alors qu'il va rendre visite à Diderot prisonnier à Vincennes, Rousseau feuillette le Mercure de France qui publie la question : « Si jamais quelque chose a ressemblé à une inspiration subite, écrira-t-il plus tard, c'est le mouvement qui se fit en moi à cette lecture ; tout à coup, je me sens l'esprit ébloui de mille lumières ; des foules d'idées vives s'y présentèrent à la fois avec une force et une confusion qui me jeta dans un trouble inexprimable. » Ces lumières subites, Rousseau nous les donne à murir dans ce discours qui remporta le premier Prix de l'Académie et le fit connaître du public. On y discerne déjà tous ses talents d'orateur et de grand théoricien.
Les Rêvries du promeneur solitaire de J.J. Rousseau, promenades 1 à 5 - "L'habitude de rentrer en moi-même me fit perdre le sentiment et presque le souvenir de mes maux, j'appris ainsi par ma propre expérience que la source du vrai bonheur est en nous, et qu'il ne dépend pas des hommes de rendre vraiment misérable celui qui sait vouoir être heureux."
En rupture de stock depuis quelques temps, voici une toute nouvelle édition des enregistrements de cette oeuvre magnifique, composée de l'intégrale des Confessions, suivie des Rêveries du Promeneur Solitaire, admirablement servie par toute la sensibilité de Philippe Bertin. Près de 30h d'écoute pour le plaisir du coeur et de l'esprit... BONUS INEDIT : mon portrait et notes écrites sur des cartes à jouer.
L'intérêt du livre audio ne se révèle jamais tant que par des lectures de lettres : l'auteur apparaît alors comme surgi d'outre-tombe.
La correspondance de Rousseau, monumentale par son ampleur (50 volumes publiés par l'institut Voltaire, nous a contraint à exhumer la sélection opérée par Marcel Raymond, la seule disponible à ce jour, réunissant quelques 140 lettres de sa jeunesse jusqu'aux derniers mois de sa vie. Toutes empreintes d'une grande diversité de style et de ton. Un complément indispensable à l'Intégrale des textes autobiographiques de Rousseau (Ed Lyre Audio 2008).
« Je veux chercher si, dans l'ordre civil, il peut y avoir quelque règle d'administration légitime et sûre, en prenant les hommes tels qu'ils sont, et les lois telles qu'elles peuvent être. Je tâcherai d'allier toujours, dans cette recherche, ce que le droit permet avec ce que l'intérêt prescrit, afin que la justice et l'utilité ne se trouvent point divisées. [...] On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la politique. Je réponds que non, et que c'est pour cela que j'écris sur la politique. Si j'étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu'il faut faire ; je le ferais, ou je me tairais. » Inspiré par les écrits de Hobbes et de Montesquieu, ce petit traité aux principes atemporels, restitué dans toute sa force et sa clarté par la rigueur de diction d'Éric Herson-Macarel est un véritable bréviaire de citoyenneté. Étonnant de modernité, il devrait inspirer tous les citoyens soucieux du devenir de l'ensemble de la société humaine.