L'histoire de la croissance française depuis le milieu des années soixante-dix est celle d'une décélération continue, accompagnée d'une augmentation presque aussi continue du chômage.
Dans leur rapport, Olivier Blanchard et Jean-Paul Fitoussi montrent que ces évolutions résultent de trois causes distinctes mais interdépendantes : un ralentissement de la croissance de la productivité potentielle, à partir du milieu des années soixante-dix, qui s'observe également dans la plupart des pays industrialisés ; une augmentation du chômage d'équilibre ; une insuffisance de la demande globale, depuis le début des années quatre-vingt-dix, qui correspond à une augmentation de la composante keynésienne du chômage.
Ils analysent ensuite les conditions de croissance qui permettraient d'abaisser de cinq points en cinq ans le taux de chômage, et les politiques qui pourraient y contribuer. Ce rapport est commenté par Edmond Malinvaud et Gilbert Cette. Des compléments annexes de la DARES, la Direction de la Prévision, l'INSEE et l'OFCE apportent des éclairages sur les perspectives macro-économiques à moyen terme, le contenu en emploi de la croissance, la croissance potentielle, et l'impact sur l'emploi de la politique de réduction du temps de travail.
Les entreprises se plaignent souvent de la complexité et de l'incertitude liées aux règles en vigueur en matière de protection des emplois salariés. Ces règles les empêcheraient de s'ajuster aux mutations technologiques et aux rapides changements de demande qui caractérisent les économies modernes. Cette perte d'efficacité et les surcoûts qu'elle implique décourageraient la création d'emploi et contribueraient au chômage élevé en France. Ce sont des conclusions beaucoup plus mitigées que tirent Olivier Blanchard et Jean Tirole dans leur rapport, dans lequel sont évaluées les institutions et les règles de la protection de l'emploi en France. Les contraintes administratives et légales ainsi que les indemnités et paiements versés lors de licenciements semblent en effet accroître la durée du chômage et rendre le marché du travail moins réactif, mais l'effet net sur le taux de chômage serait, lui, incertain. La généralisation des contrats à durée déterminée introduit cependant un marché du travail dual peu efficace, d'autant plus que la législation actuelle incite à ne pas transformer ces contrats en emplois plus stables.
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