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laure samama
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En mars 2020, nous sommes assignés à résidence alors que le printemps commence tout juste à poindre. En novembre j'écrirai Je danse seule, récit de mon cheminement intérieur depuis la sidération jusqu'à la création d'un nouvel espace où vivre dans les limites qui nous sont imposées, redevient possible. L. Samama
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La maison sans toit
Hélène Gestern, Laure Samama
- Light Motiv
- Singulieres
- 17 Octobre 2023
- 9791095118268
« On ignore ce qui s'est passé, l'accident, la tragédie, le concours de circonstances qui ont fait que ces murs se sont trouvés vidés de leurs habitants. Mais on pressent le départ forcé, la fuite, l'abandon précipité. » Chalmita, Mexique. Que sont devenus ceux qui vivaient ici ? Qui étaient-ils ?
Des souvenirs sont disséminés dans cette maison envahie par la végétation : un lit défait, une boîte à trésors rouillée, des ex-voto décolorés...
La photographe Laure Samama les recueille comme autant d'indices au cours de trois voyages sur place. A son retour, elle contacte la romancière Hélène Gestern qui, telle une détective, se met au travail, fouille méthodiquement les images, en extrait le décor, les personnages, le scénario de la fuite. Un récit comme une fiction entrevue aux confins du réel.
La maison sans toit devient ainsi « un pan fragile de temps humain arraché à l'oubli ». -
Dans un premier temps, Les cavités pourrait se lire et se définir comme un conte cruel, avec sa kyrielle de personnages inquiétants : l'Affreux, le Père, la Mère, la Soeur, puis les Soeurs, les Méchants, l'Absent... et ses noms de lieux mystérieux - sans doute pas étrangers à la formation d'architecte de l'autrice - : le Temple, la grotte, la coursive, les « cavités en arrêté de péril », les portes et leurs clés tour à tour rouillées, « perdues et jamais retrouvées », les portes qui résistent, se ferment l'une après l'autre... Tout semble en place pour un conte pour adultes sur une enfance traumatique.
Mais la langue de Laure Samama, en mêlant l'intime à l'universel et en utilisant les registres du langage contemporain, retourne les codes du conte pour nous livrer un long poème qui n'hésite pas à s'emparer de la brutalité et de la crudité de certains types de discours, celui de la Mère, à la passivité coupable, celui des Méchants, vulgaires et violents - « des voix me prennent les cavités ». Toutes ces voix stridentes, que la narratrice tente de mettre à l'écart, expriment les assignations de la société, ce qu'on nous rabâche et qui nous empêche.
Le texte effectue plusieurs va-et-vient entre un avant, un maintenant et un plus tard, « les nouvelles cavités écrasent les anciennes », en une « errance hallucinée dans les tréfonds de ce qui nous construit et nous hante à la fois », un cheminement sombre dans ce qui infuse de l'enfance dans une vie d'adulte.
Le corps est partout présent : le corps de Soeur soumise au corps de Père, le corps des femmes soumises au corps des hommes, « corps disloqué », « sans défense », « livré en pâture », mais aussi, en creux, le corps des femmes amoureuses au désir violent, des femmes qui jouissent, des femmes qui savent ce qu'elles veulent et/ou ne veulent plus.
Enfin, sous la dernière porte filtre une lumière. « L'air est venu / sur mon visage et dans ma bouche. » -
Eidolons
Frédérique Dimarco, Laure Samama
- Arnaud Bizalion
- Photographie D'Aujourd'Hui
- 20 Février 2025
- 9782369801184
Eidolon signifie, en grec ancien, fantôme, image, simulacre. Chaque photographie est la captation d'un moment éphémère et magique qui ne se reproduira jamais plus. La photographe aspire ainsi à développer une tension entre apparition et disparition. Les images, tour à tour, paysages, êtres humains, bâtiments, animaux ou végétaux, sont délibérément dépourvues de contexte. La collecte d'instants suspendus rend l'invisible visible. L'utilisation volontaire de supports argentiques périmés contribue à une dérive des rendus. La photographe, atteinte de troubles neuro-ophtalmologiques, mène ici une recherche autour du flou, de l'artefact, de la surexposition, de l'effacement et des dérives chromatiques. L'esthétique tend vers le pictural. La narration se veut vagabonde en écho à l'errance du regard. Les images délicates et impalpables obtenues constituent des illusions magiques prélevées au flux du temps qui passe. Cette connexion au monde nous réconcilie avec la finitude de la vie car de nouveaux eidolons adviennent et éclosent dans un perpétuel renouvellement.