Dix ans après Sarko m'a tuer. Cinq ans après « Un président ne devrait pas dire ça... ». Voici le nouveau livre politique de Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
De nouveau, les deux enquêteurs plongent au coeur du pouvoir, multiplient les révélations, exhument les scènes secrètes pour mieux éclairer la face cachée de l'exécutif. Après Sarkozy et Hollande, ils ont enquêté sur Emmanuel Macron. Plus de cent dix témoins de premier plan parlent, à visage découvert, crûment. Ils confient aussi leurs documents.
Les auteurs racontent le pouvoir solitaire d'un homme suprêmement habile, éperdu de lui-même. Ils révèlent les dessous de la conquête de l'Élysée, puis l'exercice de la toute-puissance, et la vaine quête d'une idéologie.
La trahison a enfanté le néant.
Dans cette traduction accompagnée de commentaires, J. Lévi poursuit un double objectif : littéraire, rendre la concision et la force de l'édition originale, et historique, replacer ce traité (datant du IVe siècle av. J.-C.) dans son contexte à la lumière des dernières études et surtout des nombreux textes découverts récemment dans les fouilles archéologiques.
Edgar Morin nous offre le témoignage inestimable d'un siècle de vie, et de tous ses apprentissages face à la complexité humaine.
Le livre, outre le texte même du Contrat social, dans une édition désormais classique, propose de nombreux ajouts : des notes qui resituent le livre dans la lecture qu'en ont faite les contemporains, en premier lieu Voltaire ; et trois essais de Bertrand de Jouvenel qui tous insistent sur le caractère paradoxal de la pensée de Rousseau. Celle-ci fonde la modernité mais est empreinte de nostalgie passéiste. L'essai sur la politique de Rousseau, qui ouvre le volume, propose une série de clés de compréhension de l'oeuvre, mais aussi une interprétation d'ensemble de la pensée politique de Rousseau, le situant au fondement de la démocratie comme des totalitarismes modernes.
"presque à chaque phrase de ce livre, dira nietzsche, la gravité et l'enjouement se donnent tendrement la main." le gai savoir chante la "grande santé" de l'intellect qui se gausse de tout ce qu'on a tenu jusqu'alors pour "bon, intangible, divin", la prétendue morale surtout, refuge des "faiseurs de nuées" et alibi des "poitrines étroites". voici, joyeusement piétinées, ces endémies que l'on nomme compassion, abnégation et amour indifférencié du prochain. de retour parmi nous, nietzsche aurait la satisfaction intellectuelle d'observer que ce qu'il pressentait de pire constitue désormais l'ordinaire de nos jours.
Qu'est-ce que je ressens, moi, décolonisé, quand je contemple une photo de cette époque, de ce passé qui, sur injonction, a été décrété contemporain-pour-toujours ? Qui suis-je dans ce miroir qui devrait me refléter, et qui cependant m'efface pour toujours au présent ?
Il me faut scruter les détails, objets, silhouettes, bosquets, magasins, automobiles, qui peuplent l'arrière-plan ; les ombres aussi. Je tente d'aileurs de faire irruption dans celui-ci. Je m'imagine réincarné en 1961 : debout dans un angle mort, penché à une fenêtre, traînant dans une rue d'Alger, jetant un regard anxieux sur une « roumia », crapahutant sur la colline pelée... J'invente ma propre possibilité de vivant à cette époque.
Raymond Depardon photographie ce qu'il voit à la jonction de ce qu'il ne voit pas. Je regarde ce que je ne vois pas, en croyant savoir ce que cela signifie. Son oeil dans ma main. Son corps est ma mémoire.
Ce qui m'intéresse chez le photographe, c'est son corps, son errance, son voyage : je me glisse en lui, j'épouse ses mouvements, son regard, sa culture, ses préjugés peut-être, mais aussi sa singularité. Errance de déclic en déclic.
Je deviens une monstrueuse et fascinante coïncidence. Une possibilité, même brève et limitée, d'omniscience.
Ne devrais-je pas, alors, éprouver un sentiment proche de la frayeur ?
En parcourant ces photos, arraché à mon millénaire, transporté vers un autre, je pourrais tressaillir violemment. Je pourrais hurler à la possession - hurler d'effroi et de gratitude.
Alain Corbin nous offre une promenade dans le vent, au gré des expériences humaines, de cette force élémentaire et des efforts réalisés par l'homme pour le comprendre et le dompter.
Chacun peut éprouver le vent, sa présence, sa force, son influence. Parfois il crie et rugit, parfois il soupire ou caresse. Certains vents glacent, d'autres étouffent. Si l'humain témoigne de cette expérience depuis l'Antiquité, il s'est longtemps heurté au mystère de ce flux invisible, continu, imprévisible. Le vent, aux traits immuables, échapperait-il à l'histoire ?
Dans cet essai sensible, Alain Corbin nous guide dans cette quête initiée à la fin du XVIIIe siècle pour comprendre les mécanismes d'un élément longtemps indomptable. C'est le temps de nouvelles expériences du vent, au sommet de la montagne ou, pour la première fois, dans l'espace aérien. Les manières de l'imaginer, de le dire, de le rêver, évoluent et inspirent les plus grands écrivains, dont Victor Hugo.
Un champ immense se dessine alors aux yeux de l'historien. D'autant que le vent est, peut-être avant tout, un symbole fort de l'oubli et du temps.
L'architecte Nicolas Gilsoul nous offre un bestiaire érudit et original des animaux peuplant nos villes. Une manière de nous reconnecter au vivant, pour dessiner de nouvelles perspectives sur l'art de concevoir la ville de demain avec le génie animal.
La moule zébrée va-t-elle sauver New York ? Le scorpion terroriser les habitants de São Paulo ? Les kangourous s'ébattre dans la forêt de Rambouillet ? Savions-nous seulement que ces bêtes vivaient si près de chez nous ?
En pleine crise de la biodiversité, nos villes semblent devenir des jungles hybrides où se croisent plus de créatures que dans nos forêts. Certaines ont muté, leurs comportements se sont transformés. La souris de Brooklyn résiste aux polluants lourds, l'escargot d'Amsterdam combat l'îlot de chaleur urbain, l'hirondelle de la Côte Est réduit sa voilure pour éviter les gratte-ciels.
Au travers de 1 001 histoires de bêtes de villes, l'architecte Nicolas Gilsoul nous offre un bestiaire érudit de nos territoires et nous incite à nous reconnecter au vivant. En chemin, il dessine de nouvelles perspectives sur l'art de concevoir la ville avec le génie animal. À l'évidence, observer des bêtes, ça rend intelligent.
A travers une préface et une relecture de ses textes parus initialement dans L'Histoire, J. Le Goff revient sur l'ensemble de son travail d'historien et sur les différents thèmes développés tout au long de son oeuvre : la condition de la femme, les croisades, le christianisme et la sexualité, le rôle de la ville, les ordres mendiants, Saint Louis...
Edgar Morin, qui a 100 ans en 2021, réunit les souvenirs remontés à sa mémoire et déroule dans ce livre l'épopée vivante d'un homme qui a traversé les grands événements du XXe siècle. La grande histoire se mêle à une vie riche de voyages et de rencontres, où l'amitié et l'amour occupent une place centrale.
« Ces souvenirs témoignent que j'ai pu admirer inconditionnellement des hommes ou femmes qui furent à la fois mes héros et mes amis. Ils témoignent des illuminations qui m'ont révélé mes vérités, de mes émotions, de mes ferveurs, de mes douleurs, de mes bonheurs. Ils témoignent que je suis devenu tout ce que j'ai rencontré. Ils témoignent que le fils unique, orphelin de mère que j'étais, a trouvé dans sa vie des frères et des soeurs.
Ils témoignent de mes résistances : sous l'Occupation, puis au cours des guerres d'Algérie, de Yougoslavie, du Moyen-Orient, et contre la montée de deux barbaries, l'une venue du fond des âges, de la haine, du mépris, du fanatisme, l'autre froide, voire glacée, du calcul et du profit, toutes deux désormais sans freins.
Ces souvenirs témoignent enfin d'une extrême diversité de curiosités et d'intérêts, mais aussi d'une obsession essentielle : que puis-je savoir ? Que puis-je croire ? Que puis-je espérer ? Inséparable de la triple question : qu'est-ce que l'homme, la vie, l'univers ? Cette interrogation, je me suis donné le droit de la poursuivre toute ma vie. » Edgar Morin
Pour garantir la survie de l'humanité, menacée comme jamais par la crise née de la pandémie de Covid-19 et de sa gestion, il faut faire naître une nouvelle économie de la vie. Regroupant tous les secteurs économiques qui se donnent pour mission la défense de la vie, ce nouveau paradigme pourra seul assurer un avenir souhaitable à l'humanité.
Si elle est devenue une reine aux contours parfois insaisissables, c'est parce qu'Anne de Bretagne a servi trop de maîtres après sa mort. On la voudrait fidèle à la France parce qu'elle fut reine, fidèle à la Bretagne parce qu'elle est née bretonne, fidèle à son père parce qu'elle lui promit de ne jamais assujettir son duché, fidèle à son peuple qui comptait sur elle... On la voudrait aussi fidèle à son époux - mais lequel ? Charles VIII ou Louis XII ? -, à ses fils morts trop jeunes, ou encore à ses filles, comme elle éloignées du trône. Sa vie intense et fascinante, ses voyages et ses pèlerinages symboliques contribuèrent à élaborer ce personnage mythique.
Il est temps de retracer le portrait intime de cette femme de tête entourée d'hommes de pouvoir. Car, reine et duchesse, Anne de Bretagne fut aussi et d'abord une femme de son temps.
Serge Latouche invite à parier sur une société de décroissance pour échapper à la régression économique et formule un véritable plaidoyer en faveur d'un changement radical de paradigme économique.
Caricaturée par ses adversaires en une régression économique et sociale radicale, la décroissance se veut au contraire une perspective d'avenir pour y échapper : celle d'un refus du gaspillage des ressources naturelles, d'une prise en compte de leurs limites qui rendent d'ores et déjà impossible la généralisation à toute la planète du mode de vie occidental. Aussi exige-t-elle un changement radical de paradigme, ce que l'auteur appelle une société de décroissance.
Une telle société donnerait un autre sens à la production et à la consommation, réorientant les arbitrages politiques, relocalisant l'économie, limitant les échanges dispendieux mais stimulant la convivialité.
Cet appel à la décroissance, qui rencontre de nombreux échos depuis que la crise planétaire a éclaté et que les menaces écologiques et sanitaires se précisent, est aussi un appel à l'imagination.
Pour Barbara Cassin, la culture n'est pas réservée à une élite et n'est pas l'apanage d'une civilisation. Il y a différentes cultures, qu'il faut enseigner.
Un plaidoyer pour les humanités qui dépasse les arguments traditionnels et place la langue au coeur des enjeux.
Dans le sillage du Vocabulaire européen des philosophies, Dictionnaire des intraduisibles, paradoxalement traduit ou en cours de traduction dans une dizaine de langues, Barbara Cassin propose sur la traduction un point de vue peu banal.
Se méfiant de l'Un et de l'universel, elle se sert de l'outil sophistique pour faire l'éloge de ce que le logos appelle « barbarie », des intraduisibles, de l'homonymie. Pour combattre l'exclusion, cette pathologie de l'universel qui est toujours l'universel de quelqu'un, elle propose un relativisme conséquent - non pas le binaire du vrai/faux, mais le comparatif du « meilleur pour ». La traduction est un savoir-faire avec les différences, politique par excellence, à même de constituer le nouveau paradigme des sciences humaines.
Parce qu'elles compliquent l'universel - dont le globish, langue mondiale de communication et d'évaluation, est un triste avatar - les humanités sont aujourd'hui passées de la réaction à la résistance.
Un plaidoyer de combat pour la démocratie, armé de propositions concrètes pour changer les règles du jeu politique. C'est une évidence pour Julia Cagé : nous pouvons faire mieux que le monde dans lequel nous vivons.
Loin d'être un refus de la politique, la crise actuelle de la démocratie représentative voit des citoyens combattre chaque jour pour davantage de démocratie, de participation et d'égalité.
Libres et égaux en voix propose de donner une voix à celles et ceux qui en ont longtemps été privés : les femmes, les classes populaires, les minorités. D'abord en repensant notre système électoral et en garantissant parmi les parlementaires une véritable représentation de la réalité sociale. Ensuite en proposant un nouvel équilibre entre la démocratie représentative et un usage raisonné du référendum. Enfin en permettant aux citoyens de reprendre le contrôle des partis et des médias, afin de dessiner un nouvel horizon politique égalitaire.
En tant que chercheuse et citoyenne, Julia Cagé renouvelle en profondeur la réflexion sur l'égalité politique dans un plaidoyer armé de propositions concrètes pour changer les règles du jeu. Un essai vivifiant et porteur d'espoir sur notre démocratie.
Cette enquête met au jour de façon limpide, étonnante et concrète, le fonctionnement de la domination sociale. En expliquant le racisme sans race, l'exclusion sans fracture économique, elle touche des thèmes au coeur des préoccupations de nos sociétés : le respect, la dignité, l'estime de soi.
Avec cette enquête sociologique d'une actualité surprenante, les problèmes d'une cité de banlieue des années 1950 éclairent admirablement les débats les plus actuels sur l'exclusion.
Dans cette petite ville d'Angleterre, les tensions sont multiples entre les anciens habitants et les nouveaux venus. Les premiers considèrent les seconds comme des étrangers qui ne partagent pas leurs valeurs et ont le sentiment qu'ils menacent leur mode de vie. Ils les tiennent à distance dans la vie courante, les écartent des lieux de décision, et ce rejet est entretenu par les rumeurs et les commérages. Or tous ont la même couleur de peau, tous parlent la même langue, tous sont ouvriers ou petits bourgeois travaillant dans les mêmes usines et percevant les mêmes revenus.
Ce refus de la relation à l'autre, explique alors Norbert Elias, est à replacer dans un contexte plus large de rapport de pouvoir : le groupe dominant renforce sa cohésion en excluant les « marginaux ». Cette image collective conforte à son tour l'image que chacun se fait de soi à l'intérieur du groupe. Et la domination se perpétue.
Hélène Carrère d'Encausse retrace trois siècles d'histoire franco-russe, marqués par l'unité, les oppositions et les réconciliations. Une magnifique reconstitution de cette longue relation de la France et de la Russie.
Quel roman que celui de la longue relation - trois siècles - qui tant de fois attira, unit, opposa, réconcilia la Russie et la France !
La Russie, État-continent qui s'étend en Europe et en Asie, s'est toujours revendiquée puissance européenne.
Et l'Europe, pour la Russie, fut avant tout la France.
Celle de Louis XIV, des Lumières, de la Révolution et de l'Empire, des idées, de la langue, de la liberté et de la puissance. Durant trois siècles, cette France a fasciné tous les souverains Romanov, acharnés à s'en faire accepter, aimer. La France y opposa durablement méfiance et hostilité, voyant dans la Russie un pays attardé et dangereux, avant de s'y allier lorsque le puissant Empire allemand lui imposa ce tournant.
Les échanges heurtés de ces deux pays ont longtemps constitué une part essentielle de l'histoire européenne. Cet ouvrage, en reconstituant la longue relation franco-russe et en en recherchant les constantes, offre un éclairage saisissant pour comprendre le présent.
« Les Français ne savent pas qui je suis. » Emmanuel Macron se plaint souvent de ne pas être compris. Ce livre est une enquête critique au coeur de la personnalité et du parcours d'un président qui s'est construit sur la transgression personnelle, familiale et politique. Il fascine, mais on l'admire plus qu'on ne l'aime. On le hait plus qu'on ne le déteste.
Deux crises exceptionnelles, les gilets jaunes, puis la Covid-19, bouleversent son quinquennat, en révèlent les manques et en même temps lui offrent une scène où peut s'épanouir sa nature théâtrale. La normalité n'existe pas dans ce métier où une bonne dose d'ego est indispensable. À la condition de l'efficacité pour le pays.
À la fois récit de l'intérieur, biographie, portrait, ce livre raconte le président. Fait inédit, la plupart des protagonistes de cette histoire romanesque mais vraie ont accepté de livrer leur témoignage : Emmanuel Macron, Brigitte Macron, leurs proches, le premier cercle du pouvoir, et tous ceux qui ont croisé ce président a-normal. Séduits ou déçus.
Dans La Violence et le sacré, René Girard a entrepris de remonter aux origines de l'édifice culturel et social qui est au coeur de notre civilisation.
S'appuyant à la fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes d'explication, en particulier la psychanalyse, cette enquête originale met l'accent sur le rôle fondamental de la violence fondatrice et de la victime émissaire. Le religieux, secrètement fondé sur l'unanimité violente et le sacrifice, trouve ainsi dans cet essai majeur une définition inédite.
Manoeuvres confidentielles, coups bas, tromperies, histoires secrètes... Un document passionnant sur la relation tumultueuse entretenue par la France et l'Algérie, faite d'amour et de haine, sur fond de contrats gaziers, d'immigration et de plaies identitaires mal refermées.
« Les relations entre la France et l'Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, en aucun cas elles ne peuvent être banales. » Ces mots de 1974 sont de Abdelaziz Bouteflika, alors jeune ministre des Affaires étrangères. Cinquante ans plus tard, ils ont encore valeur d'axiome : entre la France et l'Algérie, c'est toujours compliqué.
Depuis les accords d'Évian, les deux pays entretiennent une relation passionnée et tumultueuse faite d'amour et de haine sur fond de contrats gaziers, d'immigration et de plaies identitaires mal refermées. Une relation où tous les coups sont permis, mais en cachette. Il ne faut pas oublier qu'on est en paix aujourd'hui.
Dans cette édition qui réunit les deux tomes d'une enquête particulièrement fouillée, Naoufel Brahimi El Mili lève le voile. Depuis Valéry Giscard d'Estaing, qui ne voyait pas l'OAS d'un mauvais oeil, jusqu'aux espions algériens à Paris, en passant par les petits services de la DGSE, ce sont soixante ans de manoeuvres confidentielles et de coups bas restés dans l'ombre qui sont révélés pour éclairer une actualité encore brûlante.
« Ceci n'est pas un livre pour les musiciens, non plus que pour les non-musiciens ; il est destiné, plutôt, à l'esprit curieux désireux de découvrir les parallèles entre la musique, la vie, et cette sagesse qui devient audible pour l'oreille pensante.
La musique peut être beaucoup plus qu'un agréable élément ornemental. Elle exige un parfait équilibre entre intellect, émotion et tempérament. Si l'on parvenait à cet équilibre, les hommes et même les nations pourraient interagir plus facilement.
Si le West-Eastern Divan Orchestra est évidemment incapable d'apporter la paix, il peut cependant créer les conditions d'une compréhension sans laquelle il est impossible de parler de paix. Il a la faculté d'éveiller la curiosité de chaque individu, de l'inciter à écouter le récit de l'autre. Puis, lorsqu'on a entendu l'inacceptable, il devient possible d'accepter la légitimité du point de vue de l'autre. ».
D. B.
Ce livre jette pour la première fois la lumière sur Marie-France Garaud, cette femme de l'ombre qui s'est imposée dans les couloirs du pouvoir comme la plus puissante de l'histoire de la Ve République, murmurant à l'oreille d'un président - Georges Pompidou -, avant d'en façonner un autre, Jacques Chirac. Un homme qui finira par lui échapper dans une rupture violente.
Elle a été la femme la plus puissante de la France contemporaine, mais personne n'a jamais raconté son histoire. Pendant près d'une décennie, Marie-France Garaud a régné depuis la coulisse sur la vie politique de notre pays. Conseillère de Georges Pompidou à l'Élysée, elle faisait et défaisait les carrières dans son bureau.
Le gaullisme tourne alors la page du Général et une nouvelle génération cherche à se faire une place. Avec son alter ego, Pierre Juillet, Garaud jette son dévolu sur Jacques Chirac, un jeune ministre ambitieux au caractère incertain, avec l'idée d'en faire un président à son image. Autoritaire et conservatrice, charmante et libre, la conseillère exerce sur lui un véritable empire. Telle Agrippine, mère et régente de Néron, cette Poitevine jouit du pouvoir par procuration. Jusqu'à la chute, et à la rupture.
Cette enquête documentée et vivante jette enfin la lumière sur une femme iconique, la première « spin doctor » à la française.
Sans angélisme ni dogmatisme, ce livre apaise le débat sur le sujet de l'immigration, en l'éclairant de réflexions inédites : celles issues d'expériences étrangères, celles produites par la recherche et celles de l'auteur enfin, spécialiste de ces questions et lui-même étranger vivant en France depuis plus de douze ans.
Pas une semaine ne s'écoule sans qu'éclate une nouvelle polémique sur les migrations : violences policières, voile dans l'espace public, quotas, frontières... Les débats sur ces sujets sont devenus tendus, polarisés et passionnels, tandis que la parole raciste s'est libérée. Collectivement, on a accepté de penser les migrations à partir des questions posées par l'extrême droite. Quant à nous, chercheurs, nous en sommes souvent réduits à débusquer rumeurs et mensonges.
Nos sociétés resteront malades de ces questions tant qu'elles continueront à les envisager sous l'unique prisme des idéologies. C'est toute l'ambition de ce livre : montrer qu'il est possible de penser ces sujets de manière rationnelle et apaisée, en les éclairant de réflexions et de faits, trop souvent absents des débats.
Les questions d'identité collective doivent être des enjeux qui nous rassemblent, plutôt que de nous opposer. À condition de reconnaître et d'affronter les problèmes structurels de racisme dans nos sociétés. Après tout, on a tous un ami noir.
Un essai brûlant d'actualité et percutant qui plaide pour la réinvention d'une identité « afropéenne » afin de sortir de l'impasse de la question raciale.
« Afropea est un agent de liaison au sens positif du mot. C'est ce qu'elle peut représenter de plus noble. N'en faire qu'une expression supplémentaire de la douleur afrodescendante la dévaluerait. Ne la percevoir que comme une identité noire vécue sur le sol européen apporterait de l'eau au moulin des nationalistes culturels. Il n'y aura pas de retour vers une Afrique qui, non seulement n'attend personne, mais pour laquelle la couleur de la peau est un marqueur d'appartenance insuffisant. C'est à partir de soi et de son lieu que chacun est invité à oeuvrer pour transformer le monde. ».
Ceux qui se sont donné le beau nom d'Afropéens, par lequel l'Afrique et l'Europe fusionnent, s'ils sont fidèles à cette association, peuvent incarner un projet de société fraternel, anti-impérialiste et antiraciste. C'est cette utopie qu'explore Léonora Miano dans cet essai vif et dense, qui prend une couleur personnelle lorsqu'on comprend qu'elle l'a aussi écrit pour sa fille.