Ecrit au ive siècle av. J.-C., à l'époque des « Royaumes Combattants », dans une Chine en pleine effervescence commerciale et culturelle, L'Art de la guerre n'est pas seulement un traité de stratégie. C'est également, comme le montre Jean Lévi dans ses commentaires, une leçon de sagesse, un art de vivre et une philosophie de l'existence.
Le livre, outre le texte même du Contrat social, dans une édition désormais classique, propose de nombreux ajouts : des notes qui resituent le livre dans la lecture qu'en ont faite les contemporains, en premier lieu Voltaire ; et trois essais de Bertrand de Jouvenel qui tous insistent sur le caractère paradoxal de la pensée de Rousseau. Celle-ci fonde la modernité mais est empreinte de nostalgie passéiste. L'essai sur la politique de Rousseau, qui ouvre le volume, propose une série de clés de compréhension de l'oeuvre, mais aussi une interprétation d'ensemble de la pensée politique de Rousseau, le situant au fondement de la démocratie comme des totalitarismes modernes.
Alexandra Kollontaï, quelle femme ! Et quel destin ! Aristocrate russe, rejetant très tôt son milieu et choisissant la révolution, elle devient ministre au sein du premier gouvernement de Lénine. Cinq ans plus tard, elle est la première femme ambassadrice que l'histoire ait connue. Tribun célèbre et oratrice hors pair, partout elle électrise ses auditoires fascinés. Kollontaï est aussi une féministe passionnée combattant pour l'émancipation et les droits des femmes. Ses écrits politiques, ses romans, son journal tenu tout au long de sa vie constituent une oeuvre remarquable et unanimement reconnue. Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses exploits, Alexandra Kollontaï sortit victorieuse de la folie destructrice de Staline et vécut presque aussi longtemps que lui.
Cette existence multiforme, couronnée par une élégance constamment saluée par la presse, fit d'elle une « icône » médiatique avant l'heure. L'auteur a rassemblé ici une documentation considérable et de riches études historiques pour comprendre le destin incroyable de cette personnalité hors du commun. Secrétaire perpétuel de l'Académie française et historienne de la Russie, Hélène Carrère d'Encausse est l'auteur de nombreux livres de référence sur la Russie et les relations franco-russes.
Non, en politique, les extrêmes ne se rejoignent pas. Ce livre démontre pourquoi.
« Après un débat, il y a toujours un débat. C'est ce qui arrive à Lyon à François Bégaudeau, écrivain, essayiste et réalisateur. Des admirateurs, du moins se présentent-ils ainsi, lui proposent de prolonger autour d'une bière. Après les premiers échanges, l'auteur se rend vite compte qu'il a affaire au camp d'en face. » Ouest-France
"presque à chaque phrase de ce livre, dira nietzsche, la gravité et l'enjouement se donnent tendrement la main." le gai savoir chante la "grande santé" de l'intellect qui se gausse de tout ce qu'on a tenu jusqu'alors pour "bon, intangible, divin", la prétendue morale surtout, refuge des "faiseurs de nuées" et alibi des "poitrines étroites". voici, joyeusement piétinées, ces endémies que l'on nomme compassion, abnégation et amour indifférencié du prochain. de retour parmi nous, nietzsche aurait la satisfaction intellectuelle d'observer que ce qu'il pressentait de pire constitue désormais l'ordinaire de nos jours.
Dix ans après Sarko m'a tuer. Cinq ans après « Un président ne devrait pas dire ça... ». Voici le nouveau livre politique de Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
De nouveau, les deux enquêteurs plongent au coeur du pouvoir, multiplient les révélations, exhument les scènes secrètes pour mieux éclairer la face cachée de l'exécutif. Après Sarkozy et Hollande, ils ont enquêté sur Emmanuel Macron. Plus de cent dix témoins de premier plan parlent, à visage découvert, crûment. Ils confient aussi leurs documents.
Les auteurs racontent le pouvoir solitaire d'un homme suprêmement habile, éperdu de lui-même. Ils révèlent les dessous de la conquête de l'Élysée, puis l'exercice de la toute-puissance, et la vaine quête d'une idéologie.
La trahison a enfanté le néant.
Saviez-vous que le hamac, d'origine amérindienne, avait été mis au service de la conquête de l'espace ? Que le surf fut d'abord une pratique politique et religieuse ? Que le shampoing adopté par les Britanniques provient du sous-continent indien ? Que la passion du piano a accéléré l'extermination des éléphants des savanes africaines ?À l'invitation de Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre, près de quatre-vingt-dix historiennes et historiens ont accepté de relever le défi, savant et ludique, d'une histoire du monde par les objets. De la tong au sari, du gilet jaune à la bouteille plastique, en passant par le sextoy et la chicotte, ces objets tour à tour triviaux et extraordinaires éclairent nos pratiques les plus intimes tout en nous invitant à comprendre autrement la mondialisation et ses limites. Un voyage passionnant dans le grand magasin du monde.« Quand on s'y arrête, de simples choses nous invitent à repenser le monde. »Télérama Pierre Singaravélou est professeur d'histoire contemporaine à King's College London et à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne.Sylvain Venayre est professeur d'histoire contemporaine à l'université Grenoble-Alpes. Ensemble, ils ont dirigé chez Fayard l'Histoire du monde au XIXe siècle (2017) et L'Épicerie du monde (2022). Postface inédite
À l'origine des grandes révolutions scientifiques, il y a toujours une idée philosophique de l'homme. L'« animal rationnel » de l'Antiquité est lié à la naissance des sciences naturelles. À l'âge classique, la métaphysique cartésienne est indissociable de la physique mathématique. Au siècle passé, les sciences humaines prenaient pour objet le « sujet assujetti » du structuralisme. Enfin, le vivant défini par ses « capacités cognitives » marque la victoire actuelle des neurosciences.
Chaque définition de l'homme charrie son lot de croyances morales et d'idéologies politiques. Au fondement de l'esclavage ou du patriarcat, derrière le châtiment promis aux homosexuels ou à la condamnation de l'homophobie, à la racine des droits humains ou de l'antispécisme, il y a forcément une conception de l'être humain.
Aujourd'hui, on fait de l'homme un « vivant comme les autres ». L'« animal rationnel » n'a pas dit son dernier mot. Pas plus que l'humanisme, que l'on croit dépassé.
Professeur émérite au département de philosophie de l'École normale supérieure, Francis Wolff est notamment l'auteur dans la collection « Pluriel » de Penser avec les Anciens (2016), Pourquoi la musique ? (2019), Dire le monde (2020) et Plaidoyer pour l'universel (2021).
Synthèse sur l'histoire politique, sociale, intellectuelle et artistique de Rome et de l'Empire romain, de la fondation de Rome jusqu'au dernier empereur d'Occident.
A travers une préface et une relecture de ses textes parus initialement dans L'Histoire, J. Le Goff revient sur l'ensemble de son travail d'historien et sur les différents thèmes développés tout au long de son oeuvre : la condition de la femme, les croisades, le christianisme et la sexualité, le rôle de la ville, les ordres mendiants, Saint Louis...
Ce récit intime raconte une expérience d'accession au pouvoir jusqu'à son abandon. La dimension humaine de l'action politique nous fait découvrir la difficulté d'agir, de concrétiser, d'exercer sa volonté au fil de dossiers qui deviennent ici des feuilletons, des imbroglios, parfois des romans noirs aux portraits cruels et joyeux.
Le « démondialisateur » raconte de l'intérieur la fermeture des hauts fourneaux de Florange, la quasi-faillite de Peugeot, la vente à la découpe d'Alstom aux Américains par une poignée de dirigeants... Il se bat contre la technostructure, engage la bataille du Made in France pour une reconquête industrielle, affronte l'austérité de l'Union Européenne, jusqu'à la confrontation dans le coeur du gouvernement, menant à la rupture.
« Une démonstration lucide sur le pouvoir et ses fauxsemblants.» Le Monde Arnaud Montebourg a été député, président du Conseil départemental de Saône-et-Loire, ministre du Redressement productif (2012-2014) puis ministre de l'Économie, du redressement productif et du numérique (avril à août 2014). Il a notamment écrit La Bataille du Made in France (Flammarion, 2013) et Votez pour la démondialisation (Flammarion, 2011).
Postface inédite
Serge Latouche invite à parier sur une société de décroissance pour échapper à la régression économique et formule un véritable plaidoyer en faveur d'un changement radical de paradigme économique.
Caricaturée par ses adversaires en une régression économique et sociale radicale, la décroissance se veut au contraire une perspective d'avenir pour y échapper : celle d'un refus du gaspillage des ressources naturelles, d'une prise en compte de leurs limites qui rendent d'ores et déjà impossible la généralisation à toute la planète du mode de vie occidental. Aussi exige-t-elle un changement radical de paradigme, ce que l'auteur appelle une société de décroissance.
Une telle société donnerait un autre sens à la production et à la consommation, réorientant les arbitrages politiques, relocalisant l'économie, limitant les échanges dispendieux mais stimulant la convivialité.
Cet appel à la décroissance, qui rencontre de nombreux échos depuis que la crise planétaire a éclaté et que les menaces écologiques et sanitaires se précisent, est aussi un appel à l'imagination.
Alain Corbin nous offre une promenade dans le vent, au gré des expériences humaines, de cette force élémentaire et des efforts réalisés par l'homme pour le comprendre et le dompter.
Chacun peut éprouver le vent, sa présence, sa force, son influence. Parfois il crie et rugit, parfois il soupire ou caresse. Certains vents glacent, d'autres étouffent. Si l'humain témoigne de cette expérience depuis l'Antiquité, il s'est longtemps heurté au mystère de ce flux invisible, continu, imprévisible. Le vent, aux traits immuables, échapperait-il à l'histoire ?
Dans cet essai sensible, Alain Corbin nous guide dans cette quête initiée à la fin du XVIIIe siècle pour comprendre les mécanismes d'un élément longtemps indomptable. C'est le temps de nouvelles expériences du vent, au sommet de la montagne ou, pour la première fois, dans l'espace aérien. Les manières de l'imaginer, de le dire, de le rêver, évoluent et inspirent les plus grands écrivains, dont Victor Hugo.
Un champ immense se dessine alors aux yeux de l'historien. D'autant que le vent est, peut-être avant tout, un symbole fort de l'oubli et du temps.
Erwan L'Éléouet nous raconte l'histoire d'une femme, épouse d'un président, mère de famille, qui aura tenté de se faire sa place autant que de préserver celle des siens. Les Chirac, oui, mais par Bernadette. Un récit aussi émouvant qu'intéressant, riche d'archives inédites, d'une longue enquête et de témoignages nouveaux.
« Autoritaire », « démodée », « froide ». Ces mots ont été employés pour qualifier Bernadette Chirac. Le portrait qu'on tirait d'elle était toujours noir ou blanc, sans nuances. Et si tout n'avait pas été raconté ? Si l'ancienne première dame avait été, au même titre que son mari, une véritable femme politique, menant de front vie de famille et vie publique ?
Bernadette Chirac a traversé, en conquérante, des époques où la parité n'existait pas. Sa forte personnalité s'est forgée dès l'enfance. Elle a bravé les codes de sa famille pour épouser un homme sans particule, puis l'a aidé à accomplir son destin. Elle a rattrapé sa popularité quand il risquait de la perdre, au point de devenir la première dame préférée des Français.
Erwan L'Éléouet nous livre le récit inédit d'une femme, d'une épouse et d'une mère qui, pendant plus de quarante ans, s'est battue pour préserver les siens et asseoir l'ambition d'un clan.
S'adressant à l'électeur d'Emmanuel Macron, François Bégaudeau fait la somme des aveuglements qui le font se prendre pour un progressiste de pointe là où il n'est qu'un conservateur de base.
Tu es un bourgeois. Mais le propre du bourgeois, c'est de ne jamais se reconnaître comme tel.
Petit test : tu votes toujours au second tour des élections quand l'extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage. Par conséquent, l'abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible. Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel. Tu es bien convaincu qu'au fond les extrêmes se touchent. L'élection de Donald Trump et le Brexit t'ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d'assez loin ce qui se passe aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Naturellement tu dénonces les conflits d'intérêts, mais tu penses qu'en voir partout relève du complotisme. Tu utilises parfois (souvent ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi. Tu leur préfères définitivement le mot ouverture.
Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi. Prends le risque de l'ouvrir.
Cette enquête met au jour de façon limpide, étonnante et concrète, le fonctionnement de la domination sociale. En expliquant le racisme sans race, l'exclusion sans fracture économique, elle touche des thèmes au coeur des préoccupations de nos sociétés : le respect, la dignité, l'estime de soi.
Avec cette enquête sociologique d'une actualité surprenante, les problèmes d'une cité de banlieue des années 1950 éclairent admirablement les débats les plus actuels sur l'exclusion.
Dans cette petite ville d'Angleterre, les tensions sont multiples entre les anciens habitants et les nouveaux venus. Les premiers considèrent les seconds comme des étrangers qui ne partagent pas leurs valeurs et ont le sentiment qu'ils menacent leur mode de vie. Ils les tiennent à distance dans la vie courante, les écartent des lieux de décision, et ce rejet est entretenu par les rumeurs et les commérages. Or tous ont la même couleur de peau, tous parlent la même langue, tous sont ouvriers ou petits bourgeois travaillant dans les mêmes usines et percevant les mêmes revenus.
Ce refus de la relation à l'autre, explique alors Norbert Elias, est à replacer dans un contexte plus large de rapport de pouvoir : le groupe dominant renforce sa cohésion en excluant les « marginaux ». Cette image collective conforte à son tour l'image que chacun se fait de soi à l'intérieur du groupe. Et la domination se perpétue.
Hélène Carrère d'Encausse retrace trois siècles d'histoire franco-russe, marqués par l'unité, les oppositions et les réconciliations. Une magnifique reconstitution de cette longue relation de la France et de la Russie.
Quel roman que celui de la longue relation - trois siècles - qui tant de fois attira, unit, opposa, réconcilia la Russie et la France !
La Russie, État-continent qui s'étend en Europe et en Asie, s'est toujours revendiquée puissance européenne.
Et l'Europe, pour la Russie, fut avant tout la France.
Celle de Louis XIV, des Lumières, de la Révolution et de l'Empire, des idées, de la langue, de la liberté et de la puissance. Durant trois siècles, cette France a fasciné tous les souverains Romanov, acharnés à s'en faire accepter, aimer. La France y opposa durablement méfiance et hostilité, voyant dans la Russie un pays attardé et dangereux, avant de s'y allier lorsque le puissant Empire allemand lui imposa ce tournant.
Les échanges heurtés de ces deux pays ont longtemps constitué une part essentielle de l'histoire européenne. Cet ouvrage, en reconstituant la longue relation franco-russe et en en recherchant les constantes, offre un éclairage saisissant pour comprendre le présent.
Pour Barbara Cassin, la culture n'est pas réservée à une élite et n'est pas l'apanage d'une civilisation. Il y a différentes cultures, qu'il faut enseigner.
Un plaidoyer pour les humanités qui dépasse les arguments traditionnels et place la langue au coeur des enjeux.
Dans le sillage du Vocabulaire européen des philosophies, Dictionnaire des intraduisibles, paradoxalement traduit ou en cours de traduction dans une dizaine de langues, Barbara Cassin propose sur la traduction un point de vue peu banal.
Se méfiant de l'Un et de l'universel, elle se sert de l'outil sophistique pour faire l'éloge de ce que le logos appelle « barbarie », des intraduisibles, de l'homonymie. Pour combattre l'exclusion, cette pathologie de l'universel qui est toujours l'universel de quelqu'un, elle propose un relativisme conséquent - non pas le binaire du vrai/faux, mais le comparatif du « meilleur pour ». La traduction est un savoir-faire avec les différences, politique par excellence, à même de constituer le nouveau paradigme des sciences humaines.
Parce qu'elles compliquent l'universel - dont le globish, langue mondiale de communication et d'évaluation, est un triste avatar - les humanités sont aujourd'hui passées de la réaction à la résistance.
Les stars sont aujourd'hui omniprésentes : elles peuplent nos villes, nos écrans et nos imaginaires. La culture de la célébrité semble être un trait incontournable de nos sociétés médiatiques, une conséquence de la société du spectacle et de la culture de masse. L'Invention de la célébrité montre que les mécanismes de la célébrité se sont développés dès le XVIIIe siècle en Europe, avant de s'épanouir à l'époque romantique, sur les deux rives de l'Atlantique. Antoine Lilti place au coeur de la réflexion le paradoxe d'une célébrité recherchée mais dénoncée de toute part.
Bien avant le cinéma, la presse à scandale et la télévision, les mécanismes de la célébrité se sont développés dans l'Europe des Lumières, puis épanouis à l'époque romantique. Voltaire ou Liszt furent de véritables stars, suscitant la curiosité et l'attachement passionné de leurs « fans ». La politique n'échappa pas à ce bouleversement culturel : Marie-Antoinette ou Napoléon en furent les témoins. Lorsque le peuple surgit sur la scène révolutionnaire, il ne suffit plus d'être légitime, il importe désormais d'être populaire.
À travers cette histoire de la célébrité, Antoine Lilti retrace les profondes mutations de la société des Lumières et révèle les ambivalences de l'espace public. À la fois désirée et dénoncée, la célébrité apparaît comme la forme moderne du prestige personnel, adaptée aux sociétés démocratiques et médiatiques, comme la gloire était celle des sociétés aristocratiques. L'histoire de cette notion éclaire les fascinantes contradictions de notre modernité.
Si elle est devenue une reine aux contours parfois insaisissables, c'est parce qu'Anne de Bretagne a servi trop de maîtres après sa mort. On la voudrait fidèle à la France parce qu'elle fut reine, fidèle à la Bretagne parce qu'elle est née bretonne, fidèle à son père parce qu'elle lui promit de ne jamais assujettir son duché, fidèle à son peuple qui comptait sur elle... On la voudrait aussi fidèle à son époux - mais lequel ? Charles VIII ou Louis XII ? -, à ses fils morts trop jeunes, ou encore à ses filles, comme elle éloignées du trône. Sa vie intense et fascinante, ses voyages et ses pèlerinages symboliques contribuèrent à élaborer ce personnage mythique.
Il est temps de retracer le portrait intime de cette femme de tête entourée d'hommes de pouvoir. Car, reine et duchesse, Anne de Bretagne fut aussi et d'abord une femme de son temps.
Un essai brûlant d'actualité et percutant qui plaide pour la réinvention d'une identité « afropéenne » afin de sortir de l'impasse de la question raciale.
« Afropea est un agent de liaison au sens positif du mot. C'est ce qu'elle peut représenter de plus noble. N'en faire qu'une expression supplémentaire de la douleur afrodescendante la dévaluerait. Ne la percevoir que comme une identité noire vécue sur le sol européen apporterait de l'eau au moulin des nationalistes culturels. Il n'y aura pas de retour vers une Afrique qui, non seulement n'attend personne, mais pour laquelle la couleur de la peau est un marqueur d'appartenance insuffisant. C'est à partir de soi et de son lieu que chacun est invité à oeuvrer pour transformer le monde. ».
Ceux qui se sont donné le beau nom d'Afropéens, par lequel l'Afrique et l'Europe fusionnent, s'ils sont fidèles à cette association, peuvent incarner un projet de société fraternel, anti-impérialiste et antiraciste. C'est cette utopie qu'explore Léonora Miano dans cet essai vif et dense, qui prend une couleur personnelle lorsqu'on comprend qu'elle l'a aussi écrit pour sa fille.
Libéraux et nationalistes ont plus de points communs dans leur stratégie politique qu'il n'y paraît. Il est important de redéfinir une lutte des classes qui s'attaque aux vrais problèmes : la financiarisation de l'économie, la mondialisation, le productivisme responsable de la dégradation de l'environnement et les inégalités.
Partout les cadeaux fiscaux en faveur des plus riches se multiplient au même rythme que les coupes budgétaires pour les plus pauvres. Une minorité d'individus s'accapare une part importante des richesses tandis que la majorité de la population subit la dégradation des services publics, les fins de mois difficiles et le manque d'espérance.
Des gilets jaunes aux banlieusards en passant par les cadres et les agriculteurs, cette majorité délaissée est multiple, et sa division est largement instrumentalisée par la minorité dominante et les partis politiques. La lutte des classes a laissé place à une lutte entre pauvres.
Pour sortir de l'impasse, il faut que « les délaissés » se constituent en une classe majoritaire à même de soutenir une lutte commune : celle d'en finir avec le modèle économique actuel pour proposer un autre projet répondant aux urgences sociale et écologique.
Le dernier livre de Michel Serres, consacré à repenser la religion, et qui vient clore l'aventure de sa pensée.
« Voici sans doute mon dernier livre. Il varie sur les deux origines du mot religion, l'une probable, l'autre usuelle : relire et relier. Il ne cesse, en effet, de relire les textes sacrés tout en cheminant le long des mille et une voies qui tissent le réseau global de nos vies, de nos actes, de nos pensées, de nos cultures. En cela, il conclut quelques décennies d'efforts consacrés à lier toutes opérations de synthèse.
À l'âge analytique - celui des divisions, décompositions, destructions, y compris celle de notre planète - succède celui de la synthèse et de la reconstruction. Nos problèmes contemporains ne peuvent trouver que des solutions globales.
Comment ne point finir par le religieux, dont on dit qu'il relie, selon un axe vertical, le ciel à la terre, et, horizontalement, les hommes entre eux ? ».
Michel Serres
Un texte précieux et puissant de Francis Wolff qui, contre le relativisme de notre temps, grâce à la limpidité des idées et la force des arguments, fonde un humanisme reposant sur l'universalité.
Alors que l'unité de l'humanité s'impose dans les consciences, elle recule dans les représentations : nationalismes, xénophobies, radicalités religieuses. L'universel est accusé de toutes parts : il serait oublieux des différences, en somme il serait trop universel. Ou il ne serait que le masque du plus fort : du patriarcat, de l'Occident ou de l'anthropocentrisme.
Contre ces replis, il faut que les idées universalistes retrouvent leur puissance mobilisatrice et critique.
Contre la dictature des émotions et des opinions, défendre la raison scientifique. Contre l'empire des identités, refonder une éthique de l'égalité et de la réciprocité.
L'humanité, seule source de valeurs, n'est pas seulement l'ensemble des êtres humains. C'est aussi la qualité présente en chacun de nous et qui nous lie aux autres : non pas la capacité de communiquer qui est aussi propre à d'autres espèces, ni l'aptitude à raisonner que possèdent certaines machines, mais la faculté de raisonner en communiquant, autrement dit de dialoguer.