C'était le bon temps. Quand la France contemporaine nous accable, il suffit, pour aller mieux, de se ramentevoir celle des années 1970, rythmées par les films de Sautet, les chansons de Dalida, Nino Ferrer, Alain Bashung. Sous le signe - très masculin - de Pompidou, Giscard, Mitterrand, Barre, Rocard, Sartre et Mao, elles furent à la fois insouciantes, bourgeoises et révolutionnaires.Pour écrire cette trilogie, j'ai épluché plus de cinquante ans d'archives personnelles. Ce qui m'a permis de confronter mes regards d'hier et d'aujourd'hui, ceux des acteurs de l'époque aussi, avec mes souvenirs les plus personnels comme avec les grands évènements historiques, dans un mouvement de va-et-vient permanent. Très vite, je me suis rendu compte que ce travail permettrait d'éclairer la question qui nous étreint tous, plus ou moins:que nous est-il arrivé?Pendant la décennie 1970, sujet de ce deuxième tome, la France a continué de progresser, dans la foulée du «Sursaut» gaullien que je vous ai raconté dans le précédent volume. Portée par une croissance économique incroyable, c'est la Belle Époque de la V?. Mais après avoir été frappée par deux chocs pétroliers très violents, elle a peiné à relever les défis qui se posaient:l'urgence écologique, le début de la désindustrialisation et du chômage, l'immigration, la perte de l'autorité, des repères... Tous les germes étaient à l'oeuvre, à bas bruit, au cours de ces années-là, peut-être moins radieuses qu'elles ne le semblent aujourd'hui, la nostalgie aidant.
Simone et ses soeurs, c'est le secret de Simone Veil. Elles étaient trois : Milou, Denise et Simone, la dernière.
Dans ce livre, elles racontent leur histoire à travers leurs lettres, leurs journaux intimes, leurs souvenirs - autant de documents inédits retrouvés dans les archives familiales.
Elles ont dix ans, elles ont quinze ans... Elles s'écrivent tout ce qu'elles vivent : les bains de mer, les premiers flirts et l'amour, l'arrière-pays nic¸ois, les années chez les éclaireuses.
Et puis la vie bascule : l'Occupation, la traque des Juifs, l'engagement dans la Résistance de Denise jusqu'au camp de concentration de Ravensbrück, la déportation à Auschwitz de Milou et Simone, leur famille décimée. Et la vie après. Au retour des camps, les trois soeurs doivent réapprendre à vivre et aimer. Elles ne cesseront jamais de se parler et de s'écrire.
Ce livre choral, composé avec les récits inédits dessoeurs Jacob, nous raconte l'extraordinaire amour et le courage de trois femmes au destin exemplaire.
La première grande étude sur les oeuvres d'art volées par les nazis en Belgique. Pendant huit ans, le journaliste Geert Sels a fébrilement mené l'enquête sur le gigantesque pillage artistique orchestré par le Troisième Reich. Un travail d'investigation exceptionnel et une plume incisive mettent à nu une vérité troublante. Vaste couverture médiatique attendue : après la publication de ce livre, la Belgique devra enfin s'atteler à une politique de restitution.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Troisième Reich se livra à un pillage artistique sans précédent en Europe. Ce livre apporte un éclairage inédit sur les spoliations commises en Belgique. Les nazis emportèrent des tableaux de Memling, Brueghel et Jordaens, spolièrent des particuliers et dépensèrent des millions de reichsmarks pour acquérir des oeuvres d'art. Pendant huit années d'investigation, Geert Sels a méticuleusement reconstitué le puzzle à l'aide des pièces trouvées dans des archives à Paris, La Haye, Coblence et un peu partout en Belgique. Des collectionneurs, marchands et maisons de vente aux enchères sans scrupule aidèrent les nazis à mettre la main sur d'innombrables oeuvres d'art. Ce livre dévoile les filières utilisées pour faire sortir toutes ces oeuvres du pays. Des tableaux échouèrent plus tard au Louvre, au Tate Moderne, au Getty Museum ou à la Yale Art Gallery. Même la Russie détient encore des oeuvres d'art qui auraient dû retourner en Belgique après la guerre. D'autres oeuvres sont bel et bien revenues, mais se trouvent aujourd'hui dans des musées, sans que l'on ait pris la peine de chercher leurs propriétaires légitimes.
En 1967, Cabu dessine la rafle du Vel d'Hiv à partir du livre événement de Claude Lévy et Paul Tillard. Une série inédite depuis cinquante ans.
Claude Lévy et Paul Tillard, tous deux résistants et anciens déportés, publient La Grande Rafle du Vel d'Hiv', 16 juillet 1942 (Robert Laffont, 1967). Cet ouvrage, qui rassemble documents et témoignages, pointe le rôle de la police française et du gouvernement de Vichy dans la déportation des juifs, et provoque une onde de choc (ce livre a été réédité en Texto, 2020) Le magazine Candide décide d'en publier les bonnes feuilles et fait appel à un jeune dessinateur de 29 ans, Jean Cabut, dit Cabu, pour les illustrer. Cabu est profondément bouleversé par ce qu'il lit : il consacre 16 grandes planches au déroulement de la rafle et dessine les décors, les scènes, les visages, sans rien laisser au hasard. « Toute son âme est là pour raconter cette tragédie » (Véronique Cabut) À l'occasion des 80 ans de la rafle du Vel d'Hiv, Véronique Cabut, son épouse, et Laurent Joly, historien spécialiste de l'Occupation, proposent de redécouvrir ces dessins jamais publiés depuis leur parution dans la presse. Cet ouvrage est aussi un hommage à un dessinateur génial et populaire qui fut l'une des douze victimes de l'attentat djihadiste du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo.
Le 5 mars 1953 meurt Joseph Staline. La fin d'un monde ?
Joseph Staline s'éteint en mars 1953 au terme d'une agonie interminable digne d'une tragédie shakespearienne. Le Vojd a tellement dominé la vie du pays que sa mort soulève une immense vague de chagrin et désoriente beaucoup de monde. Le Kremlin est alors hanté de sourdes craintes d'une nouvelle purge contre des membres de son présidium. Les tensions avec l'Ouest sont de plus en plus alarmantes : après trois années de combats, la guerre de Corée se poursuit sans répit, tandis que les armées américaines et soviétiques se font face dans une Allemagne divisée. À cette même période, au mois de janvier, une nouvelle administration américaine, conduite par le président Dwight D. Eisenhower et le secrétaire d'État John Foster Dulles, prend ses fonctions avec l'intention de " refouler " le communisme, pour se retrouver en fait aussitôt confrontée aux héritiers de Staline et à une série de réformes inattendues.
Ce livre s'ouvre sur le récit de ses dernières heures - avec la description des scènes dantesques de ses funérailles, en présence des partis frères - et remonte dans le temps jusqu'au 19e Congrès du Parti, en octobre 1952, quand le " Petit Père des peuples " prononce son dernier discours en public. Puis il aborde l'hiver 1952-1953, qui voit éclater l'affaire des médecins et se déployer une vaste campagne contre les Juifs d'URSS. Ensuite, il explore la manière dont la presse soviétique et américaine couvre sa disparition et les réactions de la nouvelle administration Eisenhower aux changements dramatiques que traverse Moscou. Car la mort de Staline ouvre une lutte finale pour le pouvoir, qui se conclut sur l'arrestation de celui qui fut longtemps le chef de la sécurité du dictateur, Lavrenti Beria, en juin 1953, point final de ce grand livre.
Joshua Rubenstein mêle avec rigueur et d'une plume alerte l'analyse géopolitique, le récit dramatique des événements, la chronique des individus et le sens du contrechamp, afin d'éclairer cet événement capital qui a changé l'histoire du monde.
Si Andrew Roberts est désormais bien connu du public francophone grâce au succès de son Churchill paru en traduction en 2020, il se penche de longue date sur la personnalité, la carrière et l'oeuvre du grand homme.
Ici, l'auteur enfourche l'un de ses chevaux de bataille préférés pour s'en prendre à ceux qui suggèrent qu'au fond, il n'y avait guère de différence entre Hitler et Churchill. Leur expérience des tranchées au cours de la Grande Guerre, leur patriotisme exacerbé, la fierté qu'ils tiraient du glorieux passé de leur pays et par-dessus tout leur charisme, leur art de mener les hommes, le pouvoir psychologique qu'ils exerçaient sur les foules - et ce, souvent même en dehors de leur patrie : tout cela, lit-on çà et là, les rapprochait au point de faire d'eux des frères ennemis.
Andrew Roberts montre magnifiquement le caractère fallacieux de ces points communs supposés, et d'abord sur le plan pratique, en rappelant que Churchill a toujours su déléguer le pouvoir de décision militaire à ses chefs d'état-major en se rendant à leurs arguments - certes, non sans avoir au préalable ferraillé avec eux jusqu'au bout - tout en se réservant le rôle de représentant indiscuté du Royaume-Uni auprès de ses interlocuteurs Roosevelt et Staline. Cette délégation de pouvoir, Hitler l'a certes appliquée lors des grands triomphes de la guerre éclair, en Pologne et en France, en 1939-1940, mais il y a mis fin dès les premiers revers sur le front soviétique à la fin de 1941, pour devenir totalement incapable de faire confiance à ses généraux après l'attentat de juillet 1944. Pour l'auteur, un grand meneur d'hommes c'est un chef qui, au contraire, pratique la confiance à double sens : le commandant en chef fait confiance aux commandants sur le terrain dont il a su discerner la compétence en les nommant, et les subordonnés, aussi hauts gradés qu'ils soient, lui font confiance pour les soutenir sans réserve une fois qu'ils l'ont amené à percevoir le bien-fondé de leurs entreprises. Ce fut là, soutient Andrew Roberts dans des pages fort convaincantes, ce qui fit la force de Churchill, chef de guerre de 1940 à 1945.
Si je me suis attelé à ce vaste projet - une histoire intime de la V? République en trois époques -, c'était pour essayer de comprendre comment notre cher et vieux pays a pu, en quelques décennies, s'affaisser à ce point, dans un mélange de déni, masochisme et contentement de soi, sur fond de crise existentielle.La décadence n'est jamais écrite. Quand le général de Gaulle a pris le pouvoir en 1958, la France était quasiment par terre, à cause, entre autres, de la guerre d'Algérie et de l'effondrement des «élites». Prophétique, machiavélique et prosaïque, il l'a remise debout en à peine un an, sans négliger les plus infimes détails, ni lésiner sur les roueries et les mensonges. Le personnage que je dépeins est bien plus complexe que celui de la légende.Pourquoi une histoire «intime»? Parce que l'histoire est toujours écrite par ceux qui l'ont faite ou vécue, et que j'ai voulu ajouter, en m'appuyant sur mes notes de l'époque, mon regard d'alors en le confrontant à celui d'aujourd'hui, dans un va-et-vient permanent. «Intime» encore parce que ce retour sur un passé récent entend inclure aussi le regard que portaient naguère les contemporains sur l'odyssée gaulliste qu'ils étaient en train de vivre:je cherche à décrire un monde et une manière d'être français dont le souvenir commence à s'éteindre.Dans ce premier tome, c'est le stupéfiant redressement du pays par le Général que je raconte, jusqu'à la chute du grand homme, après onze ans de pouvoir. Puisse ce récit personnel permettre de tirer, pour aujourd'hui, les leçons d'une résurrection française qui, sur le moment, semblait impossible.F.-O. G.
« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n'avaient ni argent ni vêtements à m'offrir, c'est une voisine qui m'a secourue avec une robe et des sous-vêtements.
Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation.
Il n'y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n'avaient pas pu emporter.
Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée.
J'y voyais un symbole.
Nous n'avions rien à quoi nous raccrocher. Ma soeur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. » Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, et l'impact de cette épreuve dans sa vie.
Récit recueilli par David Teboul.
Membre convaincu du parti nazi dès 1923, aveuglément soutenu par son épouse Charlotte, Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, devenant notamment, au début de la Seconde Guerre mondiale, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis gouverneur du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle - deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs. En 1945, après la défaite du Reich, il parvient à fuir, se cache dans les Alpes autrichiennes avant de rejoindre Rome et le Vatican, qui abrite l'une des principales filières d'exfiltration des nazis vers l'Amérique du Sud. C'est là qu'il trouve la mort, en 1949, dans des circonstances. Comment a-t-il pu se soustraire à la justice, de quelles complicités a-t-il bénéficié ? A-t-il été réduit au silence ?
La révoluion Russe de février 1917, puis le coup d'État d'octobre et la guerre civile qui s'ensuivit furent des événements parmi les plus déterminants de l'Histoire contemporaine. Ils ne furent même pas à proprement parler russes, car ils mirent aux prises de multiples parties prenantes, chacune ayant une cause par culière à défendre - nationale, ethnique ou de classe.
En 1917, quand la Russie impériale, archaïque et vermoulue, sapée aussi par sa gestion calamiteuse de la guerre, se désagrège, Lénine et ses bolcheviks s'emparent du pouvoir par la ruse, la terreur, et par un sens de l'organisation hors du commun. Pendant trois ans, la Russie va connaître une guerre civile d'une férocité inimaginable. Dès 1918, Lénine décrète la Terreur rouge : tout aristocrate, tout bourgeois doit être sommairement exécuté en tant qu'ennemi de classe. De leur côté les Blancs sont minés par les désaccords politiques et desservis par les exactions commises par leurs cosaques.La propagande du camp victorieux a tout fait pour déformer et reconstruire ce conflit sous la forme d'une geste héroïque. Il est restitué ici pour ce qu'il fut, à savoir sans aucun doute, avec ses six à dix millions de morts, l'un des plus barbares de l'ère moderne. L'exploitation d'innombrables archives inédites a permis à Antony Beevor de nous raconter et de nous expliquer, comme jamais auparavant, ce cercle vicieux de la terreur qui a exacerbé les tensions politiques dans le monde entier et abouti à la Guerre d'Espagne et à la Seconde Guerre mondiale.
Après la Seconde Guerre mondiale, la France retrouve une croissance exceptionnelle bien qu'inégalement partagée. La figure du général de Gaulle, le sauveur de 1940, incarnant à partir de 1958 la grandeur de la nation, l'indépendance nationale et la modernité économique, occulte le recul de la France devenue, avec la fin de son empire colonial, une puissance moyenne. En dépit de la construction européenne, la crise profonde de 1968 inaugure une grande transformation et débouche sur une crise économique et sociale, crise d'adaptation du capitalisme. Malgré les prouesses technologiques et les réussites de tous ordres, malgré l'élévation du niveau d'instruction, la société française du début du XXI? siècle voit se creuser les inégalités et s'effriter le modèle républicain et le système de protection sociale hérités de la Résistance et de la Libération.Les événements doivent se lire dans l'épaisseur de l'histoire, celle du passé en prenant en compte le point de vue des contemporains et celle du devenir de l'événement, avec, au présent, ses traces dans les mémoires, les représentations collectives et les modalités d'action.
Pendant la traversée des années noires, la Résistance n'est pas une, mais multiple. L'agent de renseignement qui espionne une base sous-marine, la femme à bicyclette qui assure les liaisons, le saboteur qui fait sauter une usine, le combattant qui jette une grenade sur un convoi, le maquisard qui attaque une unité de la Wehrmacht, le radio parachuté, le cheminot qui relève les horaires des trains ont tous été résistants. Ils n'ont pas fait la même résistance. Ils ont fait l'histoire de la Résistance. Ce livre propose par un récit vivant de raconter, dans sa diversité, l'armée des ombres, fantassins et chefs mêlés, à travers les destins croisés d'une trentaine de femmes et d'hommes, célèbres ou méconnus, aux profils très différents : Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Lucie et Raymond Aubrac, Pierre Brossolette, Jeanne Bohec, Henri Frenay, Georges Guingouin, Denise Jacob, Jean Moulin, Serge Ravanel, Marcel Rayman, Henri Rol-Tanguy parmi beaucoup d'autres.
Par l'auteur et réalisateur du documentaire Résistances (Une coproduction ARTE France & Kuiv-Michel Rotman, diffusion ARTE).
«Ces pages seront-elles jamais publiées? Je ne sais. Je me suis cependant décidé à les écrire. L'effort sera rude:combien il me semblerait plus commode de céder aux conseils de la fatigue et du découragement! Mais un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur et je ne puis me persuader que celui-ci doive être tout à fait inutile. Un jour viendra, tôt ou tard, j'en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s'épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement. Alors les dossiers cachés s'ouvriront; les brumes, qu'autour du plus atroce effondrement de notre histoire commencent, dès maintenant, à accumuler tantôt l'ignorance et tantôt la mauvaise foi, se lèveront peu à peu; et peut-être les chercheurs occupés à les percer trouveront-ils quelque profit à feuilleter, s'ils le savent découvrir, ce procès-verbal de l'an 1940.»Marc Bloch
La rafle dite du Vel d'Hiv est l'un des événements les plus tragiques survenus en France sous l'Occupation. En moins de deux jours, les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d'Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne à la suite d'un arrangement criminel entre les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy. Seule une petite centaine de ces victimes survivra à l'enfer des camps nazis.
Cette opération emblématique et monstrueuse demeure pourtant relativement méconnue. L'arrière-plan administratif et la logistique policière de la grande rafle n'ont été que peu étudiés, et jamais dans le détail. Légendes (tel le nom de code « opération Vent Printanier ») et inexactitudes (sur le nombre de personnes arrêtées ou celui des effectifs policiers) sont répétées de livre en livre. Et l'on ignore que jamais Vichy ne livra plus de juifs français à l'occupant que le 16 juillet 1942 !
D'où l'ambition, dans cet ouvrage, d'une histoire à la fois incarnée et globale de la rafle du Vel d'Hiv. Une histoire incarnée, autrement dit au plus près des individus, persécutés comme persécuteurs, de leur état d'esprit, de leur vécu quotidien, de leurs marges de décision. Mais aussi une histoire globale, soucieuse de restituer la multiplicité des points de vue, des destinées, et attentive au contexte de la politique nazie et de la collaboration d'État.
Une recherche largement inédite, la plus riche et variée possible, de la consultation de centaines de témoignages à une exploitation inédite des « fichiers juifs » de la Préfecture de police de Paris. Mais la partie la plus importante de l'enquête a consisté à rechercher des « paroles » de policiers : 4 000 dossiers d'épuration des agents de la préfecture de police ont été dépouillés. Parmi eux, plus de 150 abordent la grande rafle et ses suites. Outre les justifications de policiers, ces dossiers contiennent des paroles de victimes, des témoignages (souvent accablants) de concierges, et surtout des copies de rapports d'arrestation, totalement inédits.
Fruit de plusieurs années de recherche menées par l'auteur, où les archives de la police et de l'administration auront été méticuleusement fouillées, La Rafle du Vel d'Hiv apporte une lumière nouvelle sur l'un des événements les plus terribles et les plus difficiles à appréhender de notre histoire contemporaine.
Alors que le XIX siècle a fait l'objet ces dernières années de nombreuses publications, il n'existait aucune tentative récente de proposer une lecture renouvelée du XX siècle. S'interrogeant d'abord sur ses temporalités, l'ouvrage s'ouvre sur un tableau des trois grandes phases ayant scandé le siècle et se poursuit par une analyse de ses moments charnières (1917, 1945, 1968, etc.). Le siècle est ensuite envisagé au prisme de ses spatialités au travers d'essais envisageant l'empreinte spécifique qu'il a laissé dans chaque grande région d'un monde qu'il a élargi aux horizons extra-atmosphériques. Une attention particulière est accordée aux lieux qui ont cristallisé certaines des dynamiques les plus saillantes du siècle (Jérusalem, Auschwitz-Birkenau, l'Amazonie, etc.). Enfin, le siècle est abordé sous l'angle des principaux enjeux auxquels ses contemporains ont été confronté, du déchainement de la violence à la dégradation de l'environnement en passant par les mutations de la démographie, de l'économie, de la culture ou encore des religions.
?Le 1er avril 1935, dans une salle bondée d'un austère bâtiment administratif de la ville de Pittsburgh, débute un étonnant procès qui fait la couverture des journaux pendant plusieurs mois. Âgé de quatre-vingts ans, Andrew W. Mellon, richissime banquier et ministre des Finances pendant toutes les années 1920, est accusé par l'administration du président Roosevelt d'avoir fraudé le fisc en détournant à son profit les lois qu'il avait lui-même contribué à instaurer. Si une résolution du contentieux aurait été possible dans la discrétion des bureaux de Washington, au lendemain de la crise de 1929 et en plein New Deal, il a été décidé d'aller au bout de la procédure et d'exposer les malversations fiscales de l'un des hommes les plus puissants du monde.
Au fil du procès, le capitalisme états-unien se déploie, révélant les conditions d'enrichissement de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. À l'opposé des discours d'autocélébration des grands financiers et capitaines d'industrie, ceux-ci doivent leur fortune beaucoup plus à des lois qu'à leur génie ou leur flair des affaires. Ces débats, contradictoires et passionnés, fascinent la population car ils ébranlent le contrat social républicain.
À la manière d'un thriller juridico-financier, Romain Huret retrace cette histoire oubliée qui a conduit des millions d'Américains à interroger le rôle de l'État, la responsabilité sociale des élites et la perpétuation des inégalités. Sa résonance avec la situation contemporaine donne à comprendre la manière dont le capitalisme met à l'épreuve les principes mêmes de la démocratie.
Entre mi-mai et début juillet 1944, des centaines de milliers de Juifs de Hongrie sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Pour montrer à leur hiérarchie la « bonne mise en oeuvre » de cette opération logistique d'envergure, des SS photographient les étapes qui mènent de l'arrivée des convois jusqu'au seuil des chambres à gaz, ou au camp pour la minorité qui échappa à la mort immédiate. Ces photographies, connues sous le nom d'« Album d'Auschwitz », ont été retrouvées par une rescapée, Lili Jacob, à la libération des camps, avant de servir de preuves dans différents procès et de faire l'objet de plusieurs éditions. Certaines de ces photographies sont même devenues iconiques. Par-delà l'horreur dont elles témoignent, ces images restent pourtant méconnues et difficiles d'interprétation. Ce livre permet d'y jeter un regard neuf. Préfacé par Serge Klarsfeld, fruit de cinq années de recherches franco-allemandes, il analyse l'album dans ses multiples dimensions. Pour quelle raison a-t-il été réalisé et quand ? Comment a-t-il été constitué ? Que peut-on voir, ou ne pas voir, sur ces photographies ? Trois historiens reconnus et spécialistes de la persécution des Juifs d'Europe, Tal Bruttmann, Stefan Hördler, Christoph Kreutzmüller, ont mené un remarquable travail d'enquête, recomposant les séries de photographies, analysant des détails passés inaperçus, permettant un travail d'identification et de chronologie inédit. Dans le même temps, c'est une véritable réflexion sur l'usage des images et de la photographie, de leur violence potentielle mais aussi de leur force de témoignage et de preuve que les historiens proposent. Ce faisant, ils élargissent la connaissance tout en redonnant vie, mouvement et dignité aux personnes photographiées quelques minutes avant une mort dont elles n'avaient pas idée.
Un récit inédit sur l'enfer du ghetto de Minsk par Hersh Smolar, l'un des dirigeants du mouvement de résistance à l'intérieur du ghetto ; et l'un des rares survivants. Hersh Smolar écrit ses mémoires en 1946 ; ils représentent un document de première main, capital pour témoigner à la fois des conditions de vie dans ce ghetto, des mouvements juifs de résistance et de l'organisation des partisans juifs et communistes pour lutter contre les nazis. C'est également un livre d'histoire, porté par une écriture dense, vive et poignante, qui retrace les années terribles de ce ghetto. Hersh Smolar a témoigné dans Shoah de Claude Lanzmann.
Comment grandir à Auschwitz ? C'est le tragique destin de Lidia Maksymowicz, une petite Biélorusse déportée avec sa mère, à l'âge de 3 ans à peine, au camp d'Auschwitz-Birkenau. Elle échappe aux chambres à gaz pour devenir cobaye du Dr Mengele. Elle survit. À la libération du camp, sans nouvelles de sa maman, Lidia est confiée à une famille polonaise. Une nouvelle existence commence à l'ombre du camp abandonné qui devient parfois un terrain de jeux... Malgré les années, incapable d'oublier sa mère, Lidia écrit à la Croix-Rouge dans l'espoir de retrouver sa trace... jusqu'à ce qu'un jour elle reçoive enfin une réponse. Sa mère est bien vivante et la recherche aussi. Leurs retrouvailles, au milieu de la gare de Moscou, donneront lieu à un émoi national.
Aujourd'hui, Lidia continue à partager son histoire auprès des nouvelles générations. Par le biais de rencontres et, depuis peu, à travers un documentaire qui retrace sa vie, elle propage un message d'amour et de tolérance - les deux armes qui lui ont permis de survivre face à la haine absolue.
1942 est une année de bascule : sur tous les théâtres - Pacifique, Afrique du Nord, Front de l'Est - la Seconde Guerre mondiale change de dynamique. Après une domination allemande en Europe et japonaise dans le Pacifique, les alliés reprennent l'initiative par une série de victoires militaires et d'avancées technologiques (projet Manhattan, bombardement stratégique...). Mais 1942 laisse aussi une empreinte indélébile sur les sociétés européennes, la Shoah prenant alors sa dimension industrielle tandis que les Résistances partout émergent avec force.
Pour rendre compte de cette année exceptionnelle, ce livre mobilise tous les outils de l'histoire, avec plus de 70 pages d'infographie, une iconographie originale et des textes accessibles synthétisant les connaissances actuelles. C'est donc à une narration profondément renouvelée de ce moment charnière que nous invitent les auteurs, dans une démarche appelée à faire date par l'originalité des moyens mobilisés et la qualité graphique de sa réalisation.
Sa vie exemplaire, son amour des siens, sa fidélité sans faille aux valeurs de la République, son attachement à la cause des femmes, ont fait de Simone Veil un modèle de ce que doit être une personnalité politique de premier rang.
À mesurer l'immensité des épreuves qu'elle a connues et surmontées, on comprend pourquoi tant de respect, d'admiration et d'affection entourent Simone Veil, la « mère courage » de notre génération.
Robert Badinter.
En dépit de sa pudeur, de sa réserve et à certains égards d'une réelle timidité, rares sont ceux, célèbres ou inconnus, qui n'ont pas trouvé auprès de notre mère une solution à leur problème, un conseil ou une écoute attentive et réconfortante. Jean et Pierre-François Veil.
Combats pour la mémoire de la Shoah, pour l'Europe, pour l'émancipation des femmes..., cet ouvrage réunit les textes d'une vie d'engagements et de convictions que Simone Veil a souhaité partager.
Une nuit, à Rome, dans une bibliothèque de livres rares, le journaliste Jean-Baptiste Malet découvre par hasard un ouvrage de 1913 présentant les plans d'une cité colossale appelée à devenir la capitale du monde. Glorifiant la mondialisation des échanges, cette ville promet d'écrire une nouvelle page de l'histoire de l'humanité en réunissant l'élite scientifique, intellectuelle, sportive et spirituelle de toutes les nations. Fasciné par cette utopie, Jean-Baptiste Malet se lance dans une enquête de plusieurs années afin d'en percer les secrets.
La Capitale de l'Humanité raconte l'histoire méconnue du Centre mondial de communication, une cité idéale conçue à l'aube du XXe siècle par deux artistes américains établis à Rome, Olivia et Hendrik Andersen, et dessinée par l'architecte français Ernest Hébrard. Soutenu par des prix Nobel de la paix, des monarques, des philanthropes, et de grands journaux tels que le New York Times et L'Illustration, ce rêve grandiose connut un succès planétaire à la veille de la première guerre mondiale. Et une seconde vie au temps du fascisme italien.
Tour de force d'investigation, ce récit reconstitue les aventures des créateurs de cette capitale du monde, tout en nous plongeant dans les milieux pacifistes de la Belle Époque. Il nous rappelle aussi combien leurs luttes et leurs espoirs ont façonné le monde contemporain.
Jean-Baptiste Malet est journaliste et auteur d'enquêtes au long cours. Lauréat du prix Albert-Londres pour L'Empire de l'or rouge (Fayard, 2017), une enquête mondiale traduite en 8 langues consacrée à l'industrie de la tomate, il a également infiltré un entrepôt logistique d'Amazon afin de publier En Amazonie (Fayard, 2013).
Au printemps 1939, une organisation top secret est fondée à Londres, surnommée « l'armée secrète de Churchill » :
Elle a pour objectif de détruire la machine de guerre d'Hitler, au moyen d'actes de sabotage spectaculaires. La guérilla s'avéra aussi extraordinaire que les six gentlemen qui dirigèrent les opérations. Churchill les avait choisis pour leur créativité et leur mépris des convenances.
L'un d'eux, Cecil Clarke, était un ingénieur fou qui avait passé les années 1930 à inventer des caravanes futuristes. Son talent fut employé dans un but bien plus dangereux : c'est lui qui construisit la bombe destinée à assassiner le favori d'Hitler, Reinard Heydrich.
Un autre membre de l'organisation, William Fairbairn, était un retraité corpulent à la passion peu commune : il était le spécialiste mondial des techniques d'assassinat sans bruit.
Sa mission consistait à entraîner les hommes parachutés derrière les lignes ennemies.
Dirigés par Colin Gubbins, un pimpant Écossais, les six hommes formaient un cercle secret qui planifia les sabotages les plus audacieux de la Seconde Guerre mondiale. Winston Churchill les appelait « son ministère de la Guerre sale ».
Les six « ministres », assistés d'un groupe de femmes formidables, furent si efficaces qu'ils changèrent le cours de la guerre.
Raconté sur le ton d'un récit d'aventure, avec la verve remarquable de Giles Milton et son subtil sens du détail, Les Saboteurs de l'ombre se base sur de vastes recherches historiques et sur des archives inédites jusqu'ici.